Vacances et famille recomposée

Vacances et famille recomposée

Ca y est, les vacances approches. Les moments propices aux instants familiaux devraient être légion. Sous diverses formes, y compris les voyages. Ainsi, les choses se compliquent légitimement pour les enfants et les parents séparés, même si rien n’est insurmontable à partir du moment où il y a « communication ».

Que vous partiez avec les enfants ou qu’au contraire, qu’ils partent sans vous ; que vous ayez l’intention de partager de nouveaux moments avec votre compagne/compagnon et ses enfants, voire même avec les vôtres en même temps, bref, il serait bon d’avoir en tête quelques bonnes attitudes parentales. Et ce pour le bien de tous.

Qu’on n’oublie pas que l’éducation d’un enfant est principalement l’ouvrage d’un travail d’équipe : tout seul, c’est plus difficile. Tout simplement parce qu’il est assez compliqué de tenir à la fois une posture paternelle et une posture maternelle (rien à voir avec le genre sexuel, puisque un couple homo présente également ces deux postures comme dans un couple hétéro). C’est évidemment possible de tenir seul ces deux positions, mais vraiment pas donné à tout le monde. De toute façon, les personnes monoparentales font appel souvent, parfois sans le savoir, à des « tiers » : oncle, tante, grand-parent, voisin, ami…

Ne pas mêler l’enfant à vos histoires de grands : « ton père est un con », « ta mère est une salope » sont à éviter. Encore une fois, même si prononcés dans le dos de l’enfant, n’oubliez pas qu’un enfant à les oreilles qui traînent partout : souvenez-vous, petit, vous écoutiez aux portes, ou en haut de l’escalier.

Il convient que même en cas de séparation, les géniteurs de l’enfant s’impliquent et deviennent et/ou restent « parents ». A titre d’exemples : Madame doit laisser la place au Monsieur dans l’éducation de l’enfant : il n’est sans doute pas parfait puisque vous l’avez plaqué, mais votre gamin a besoin d’un lien avec son père, sauf si ce dernier s’avère être violent ou malsain. Quant au Papa, pas question de laisser votre ex, assumer tout, toute seule. Etre père ce n’est pas être là que pour les bons moments : c’est transmettre des valeurs, et savoir « affronter » son gamin, ne pas céder à tout, pour qu’il grandisse. N’espérez pas avoir une bonne relation avec votre enfant si vous n’épaulez pas votre « ex » dans l’éducation : vous permissivité, votre non-implication se retournera contre vous.

Par ailleurs, l’enfant s’il le veut, doit pouvoir téléphoner à ses parents. Y compris pendant les vacances.

Etre séparés n’empêche pas non-plus de refaire sa vie. Car l’on sait que les vacances c’est aussi LE moment propice aux rencontres amoureuses. Il convient cependant d’être « certain » de son  partenaire, d’être « certain » de la durée de cette nouvelle relation, avant de la présenter à l’enfant. Sinon l’enfant pourra s’identifier à l’idée qu’être grand, c’est avoir des relations amoureuses instables. Mais vous devez penser aussi à vous : avoir un nouveau partenaire, vous permet aussi de vivre votre vie d’homme, de femme. Si vous êtes heureux, il y a des chance que votre enfant le devienne aussi.

Pas de manipulations non plus : ne liguez pas l’enfant contre l’autre parent. Cela se retournera toujours contre vous. C’est systématique, le temps fera son oeuvre. Et n’en voulez pas à l’enfant qui préfère rester avec l’autre parent au lieu de venir avec vous à Bali ou je ne sais où.

Je rappelle que la loi, accorde souvent la garde principale à la mère (mais c’est de moins en moins vrai) : en effet, sauf expertise psychologique disant le contraire, on estime qu’un enfant à besoin dans les premiers temps de sa vie, d’avantage de sa mère. Mais cela n’exclue en rien la place et le rôle du père. Aussi, avant jugement, le père a exactement les mêmes droits sur l’enfant que la mère. Hors de question donc, qu’un parent décide de garder d’avantage l’enfant que l’autre parent, ou même de partir en vacances avec ou sans l’enfant, sans avoir prévenu tout le monde au préalable. Hé oui, être parent ne permet pas de faire tout ce qu’on veut !

Parfois, l’enfant exprime son refus vis-à-vis de la nouvelle belle-mère, du beau-père, où des demi-frères et soeurs. Ceci est classique car l’enfant a quelque part l’impression de trahir son autre parent, celui qui n’a pas de nouvel amoureux.

C’est aux adultes, d’être patients. L’enfant, lui, subit la démarche des parents. Il ne s’agit pas non-plus de culpabiliser les prétendants aux postes de beaux-parents, car il ne sert à rien de se forcer ou de faire semblant d’aimer. C’est encore plus dévastateur pour l’enfant. Il peut  s’identifier aux parents menteurs et pourra lui-même, une fois plus grand, interagir avec les autres dans le mensonge.

Pour aider cet enfant, l’idéal pour tous les adultes, serait d’être le plus à l’écoute possible et de se mettre à la place de ce marmaille. Certaines fois les enfants sont à leur tour très dur avec leurs parents (« je ne t’aime plus »), cela ne veut pas dire nécessairement que l’enfant le pense réellement ; peut-être sur le coup, mais pas forcément sur le long terme. Aux adultes donc de faire la part des choses.

Par ailleurs, si l’enfant choisi d’habiter avec un parent, ou de passer les vacances avec lui, il ne doit être entendu comme traître de l’autre parent. Il fallait bien faire un choix, non?

Alors, lorsque les parents sont divorcés et que les conjoints retrouvent de nouveaux concubins, les enfants peuvent et doivent être élevés par le nouvel arrivant.

Un enfant qui est sous le toit d’un adulte doit se plier au fonctionnement et à l’autorité établi par ce dernier. Et ce, même pendant les vacances.

Cela se complique pourtant pour le parent qui observe, entend, suppose, que le conjoint de l’ex participe, donne des ordres, gronde, donne des câlins, passe du temps avec son propre enfant.

Il y a de la « concurrence » dans l’air. L’on souffre de voir l’être qu’on a aidé à grandir, se faire prendre en main par un autre. Un sentiment d’abandon qui s’éveille, un sentiment de jalousie. Voire même d’envie (du fait d’être envieux) si le conjoint de l’ex sait faire un « truc » qu’on ne connaît pas nous même.

Déjà que la séparation des parents a déstabilisé l’enfant, il n’y a pas lieu d’en remettre une couche.

Ainsi mieux vaut la jouer en bonne intelligence avec le conjoint de l’ex, quitte à poser avec eux, des accords en matière de « bonne » éducation.

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L’éducation qui se passe sous le toît de l’ex, peut parfois présenter des variantes par rapport à vos propres conceptions éducatives. Il faudra donc que vous mettiez de « l’eau dans votre vin ». Si le conjoint de votre ex n’est ni un drogué, ni un débauché et qu’il reste dans la norme, c’est qu’il n’a pas été éduqué si mal que cela.

De toute façon, il y a autant de façons d’éduquer son enfant qu’il y a de parents…

Ainsi, si vous aussi vous projetez de vous « re-caser », vous seriez alors bien content que l’ex dilue son vin, lui aussi.

Et puis, un enfant, voyant ses parents s’entredéchirer autour de son éducation, au-delà d’en souffrir, pourra initier un chantage affectif.

Alors que faire, en famille recomposées, pour créer une bonne ambiances pendant ces vacances ?

Acheter des cadeaux aux gamins ?

Dans les débuts d’une relation, un classique. Et pourtant risqué. Si cela pourrait (éventuellement) fonctionner avec les plus petits, c’est à proscrire avec les adolescents. En effet, à cet âge ils sont assez subtiles pour comprendre les manoeuvres de manipulation. Alors les offrandes, on évite.

Mieux vaut poser des questions, s’intéresser à l’enfant, ses loisirs, sans être trop inquisiteur (c’est toute la difficulté de trouver un juste milieux). Il n’est pas non plus souhaité de jouer au parent de substitution en regardant les notes de l’enfant (à moins qu’il ne vous les montre) ou encore en lui donnant des leçons sur sa façon de se tenir à table. N’oubliez que pour l’instant vous n’êtes pas encore accepté. Mais juste toléré. Par contre pour les relations bien installées, pour les fêtes, les moments clefs dans l’existence de l’enfant, cela est intéressant. Si vous habitez ensemble, sachez que d’une façon générale, ou peut se faire des cadeaux toute l’année !

Pas judicieux de jouer au jeune : les « ouech, ouech », « guedin » ou autre mots du verlan, les attitudes de séduction qui consistent à singer le jeune sont « suicidaires ».

Par contre l’humour fonctionne toujours bien. Attention à l’ironie, cela marche bien avec les ados, mais quand la relation est installée. Pas avant.

Partir tous en voyage alors qu’on ne se connaît pas ?

Quand on ne se connaît pas, mieux vaut se côtoyer dans des lieux neutres. Que chacun puisse quitter le lieu collectif si besoin. Lorsqu’on voyage tous ensemble, la fuite est impossible ! Et pourtant des fois, la fuite permet à chacun de se recentrer sur lui-même et de réfléchir à la situation. La promiscuité alors qu’on ne se connaît pas, avec toutes les réserves qu’on a les uns envers les autres, c’est très risqué.

Passer des moments simples :

Voilà finalement ce qu’il y a de plus bénéfique. Les petits moments de vie quotidienne, brefs, avec une montée progressive dans la fréquences et la durée, sont les meilleurs. Un jeu de société, une visite à l’aquarium, une sortie à la plage, un repas de famille? C’est par les bons moments de la vie quotidienne qu’on conquiert le coeur de quelqu’un, y compris celui d’un enfant. Pas par des démonstrations de pouvoir d’achat, ou de force physique ou mentale. Pas dans les rapports de forces.

C’est aussi par la sincérité, par le fait de tenir ses promesses, qu’on fera le meilleur effet.

Communiquer :

Et respecter qu’on ne le veuille pas avec vous, même si cela est douloureux. Pour passer de bons moments et éviter les conflits, dites ce que vous ressentez. Souvent les conflits sont des « quiproquo », des incompréhensions. « Je pensais que tu pensais cela ». Bref, on pense pour l’autre et ce n’est pas bon. Par contre vous pouvez vous mettre à sa place : « si je me mets à sa place, effectivement, on pourrait comprendre que ce que j’ai dit, voudrait signifier telle ou telle chose ».

C’est le secret. Exprimer ses émotions, permet aussi de ne pas être déçu de l’autre, lorsque ce dernier ne fait pas ou n’a pas l’attitude qu’on aurait voulu qu’il ait !

Se montrer supérieur au rival ?

Les coqs au placard ! Il n’est pas judicieux en tant que nouveau compagnon de maman de se positionner devant l’enfant comme meilleur que papa. L’enfant par fidélité envers son propre père, risque de façon proportionnelle à votre « jeu », prendre des distances avec vous, ou même de vous détruire moralement (attitude agressive, bouderie?). Par ailleurs, sa maman (votre compagne) voyant son enfant malheureux de votre relation avec son enfant, pourrait même vous dire de partir.. Ceci étant valable dans toutes les organisations conjugales possibles. C’est finalement au coq, qu’on aura volé dans les plumes. C’est valable aussi pour les poules.

Laisser le temps :

Associé à la communication, le temps permet de s’apprivoiser. « Il y a un temps pour chaque chose ». Et « chaque chose en son temps ». C’est bien vrai. Tout le monde n’est pas prêt au même moment à tolérer un événement de vie en particulier. Chacun n’a pas la même horloge psychique en lui.

Article publié dans le journal « Le quotidien », Ile de la Réunion.

Dr David GOULOIS : docteur en psychologie, psychologue, psychothérapeute et sexologue sur l’Ile de La Réunion

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