Mon enfant nous a surpris avoir des rapports sexuels

Mon enfant nous a surpris avoir des rapports sexuels

« Mais qu’est-ce qu’ils font ? Ils font du bruit les parents…En plus maman et papa poussent des cris, font des bruits bizarres…Ils sont en train de mourir ? L’un deux est malade ? Ou non, pire, papa fait du mal à maman ? ».

Une porte s’entre-ouvre…

Et là, maman très gêné prend la couette du lit, se la met autour du corps, d’un geste rapide et ultra précis..Papa prend le bout de couette qu’il reste pour couvrir l’appareil turgescent, qui d’ailleurs en quelques secondes ne l’est plus du tout…

« Mais que fais tu là ? ».  demande maman…

« Va dans ta chambre ! Tu ne peux pas frapper avant d’entrer ?! », gronde papa (oui les papas, dans ses moments ont souvent le réflexe de gronder…

Mon enfant nous a surpris avoir des rapports sexuels 1

L’enfant repart dans sa chambre, plus ou moins en larmes.

Maman part voir l’enfant pour le consoler, peut-être lui expliquer ce qu’il a vu..

Papa lui, bouffe l’oreiller car il sait que pour ce soir, les galipettes sont finies. Lui qui était si excité doit maintenant faire face à la frustration.

Qu’il ne pense à dormir (à titre de compensation), car une fois revenue dans la chambre des parents, madame aura à parler psychologie à propos de l’enfant…

Bref, une nuit qui s’annonçait sympathique, tourne vite au vinaigre. Merci qui ? Merci le marmaille !

D’autant que là, maman qui du coup, dans la crainte d’avoir traumatisé son gamin risque de ne pas avoir envie de si tôt, voire même de demander à faire moins de bruits pour ne pas « névroser » d’avantage l’enfant. C’est d’ailleurs dans les jours qui vont suivre qu’elle cherchera partout dans la case un magazine féminin qui parle du sujet…

Grand-mamie sera éventuellement au courant de ce qu’il s’est passé, maman essayant d’obtenir quelques conseils. Dans le meilleur des cas, mamie rigolera un bon coup, dans le pire des cas, elle prônera une sorte de pseudo-abstinence, des rapports sans bruits, dans la position la moins visible sous la couette (entendu le missionnaire : madame dessous, monsieur dessus) et dans le noir…Bref…

Alors comment faire ?

  • Fermer la porte : Avant les ébats pensez à fermer la porte à clefs ! Vous ré-ouvrirez, les acrobaties finies. Je vous assure que tous les parents n’y pensent pas ! Madame ne souhaite pas que la porte soit fermée à clefs, afin d’entendre le marmaille, si jamais il arrivait quelque chose ? Allons, pourquoi se passerait-il quelque chose dans l’heure ? Si vous voulez vous tranquilliser, allez regarder l’enfant juste avant…Et après on se met dans la peau de l’amante et on quitte celle de mère !
  • Des bruits ou en silence ? Faire attention ?  : Pas question de laisser sa sexualité se soumettre aux angoisses qu’on prête à l’enfant. Souvent l’enfant est angoissé parce que ses parents le sont ! Il suffit tout simplement d’expliquer les choses. J’y viens…Mais il est clair que les relations sexuelles sont le jeu des parents, l’un moyens les plus efficaces (mais pas le seul c’est certain) pour créer et maintenir la complicité conjugale.
  • Donner des explications : Dès que possible il faut que les parents expliquent à leurs enfants la sexualité. De façon simple, sans détours. Pas besoin de parler des détails non plus. Si l’on vous surprend le nez dans la vulve (la « chouchoute peï ») de madame, ou en pleine fellation, pas la peine non-plus de rentrer dans les détails du « pourquoi et du comment ». Simplement, lui dire que papa et maman se font des bisous, des caresses partout, parce qu’ils s’aiment. Mais bien insister que seuls les grands, les adultes, ont le droit de faire cela. Et rien qu’entre adultes ; précisez « pas d’enfant avec adulte ». Pourquoi ? Parce que certains enfants, pour réduire leurs angoisses, peuvent reproduire ou faire des essais de ce qu’il ont vu sur autrui…Pas de panique, si vous être décomplexé avec la sexualité, votre enfant vivra bien les choses. Si vous n’êtes pas à l’aise avec le sujet, vous transmettrez au moins inconsciemment vos angoisses, vos peurs concernant l’objet sexuel. L’on peut facilement parler de sexualité dès 3 ans : faire simple et « grosso-modo ». Mais pas d’histoire de choux et de roses. Encore une fois vous n’allez pas pervertir l’enfant. Si vous en avez cette crainte, c’est que vous-même n’êtes pas très à l’aise avec la question (une peur que vous-même soyez perverti ? Peur transmise des parents ?). C’est donc que le problème vient de vous, de votre enfance, de l’éducation que vous avez reçu. L’on peut dire la vérité à l’enfant, sans choquer ce dernier, croyez-moi.
  • Le psy ? : En cas de doute, allez consulter un psy. Ne trainez-pas. Il saura à travers le jeu, le dessin, et la conversation, pallier aux angoisses de l’enfant et rétablir le bon ordre des choses. Mieux vaut consulter une fois pour rien, que laisser trainer quelques doutes qui pourraient faire d’avantage de dégâts, tant chez vous que chez l’enfant.
  • Ne pas culpabiliser : Ni vous, ni l’enfant. Ce que vous faisiez est bien dans la nature. A ce propos l’observation d’animaux, à l’occasion, de coïts animaliers fait parti de la vie. Je n’ai pas dit qu’il fallait s’extasier devant l’acte, mais les enfants tomberont bien un jour sur les poissons de l’aquarium en plein ébats, ou encore devant des chiens en plein coït dans la rue… C’est là un bon moment pour expliquer les choses (mais pas le seul)..D’ailleurs, les chiens se lèchent aussi les parties génitales et les animaux ont des rapports homosexuels…Alors..

L’enfant ne doit être grondé que sur le fait qu’il n’ a pas frappé avant d’entrer. Mais concernant sa curiosité, surement pas. L’enfant était peut-être inquiet en plus d’être curieux. Cette curiosité est saine, il ne veut que répondre à ses interrogations. Comment lui en vouloir ?

Article publié dans le magazine « Belle », supplément du Quotidien, Ile de la Réunion.

Dr David GOULOIS : docteur en psychologie, psychologue, psychothérapeute et sexologue sur l’Ile de La Réunion

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