L’enfant ment. C’est tout à fait normal chez les petits. Souvent l’enfant mélange vérité et imaginaire. Il voudrait être tel ou tel personnage, il voudrait dans sa vie les mêmes choses que dans les dessins animés…
Pour lui, il faudra attirer l’attention des adultes, leur faire partager un monde incroyable, fantastique.
Jusque là, jouer le jeu n’est pas méchant… « Ah oui, tu as retenu te respiration 5 mn. Et c’est la maitresse à la piscine qui te la dit ?, Tu es trop fort… ».
Cependant les mensonges peuvent prendre un tournure plus grave, surtout s’ils relatent des faits particuliers : vols, attouchements, violences. Il faut faire attention quand ces faits sont énoncés. Allez de toute façon, pour le constat médical d’usage, consulter un médecin si les faits sont récents. Puis chez le psychologue pour identifier la possibilité ou non de la vérité des propos.
Quoi qu’il en soit, les parents devront dès le plus jeune âge, expliquer que mentir « c’est pas bien ».
Et que cela rend triste les autres et soi-même ensuite (notion de culpabilité).
Expliquer aussi la notion de confiance et que s’il ment l’on ne lui fera plus confiance.
La perte de confiance amène à la suppression de liberté chez l’enfant : non seulement il faut le lui faire comprendre, mais il faut l’appliquer. Au risque de vous faire passer pour des personnes qui n’ont pas de parole, donc des menteurs le cas contraire.
Eh oui, l’enfant copie aussi ses modèles : parents, fratrie. Si chez vous l’on ment facilement, même « pour rire », l’enfant fera aussi du « c’est juste pour rire ».
Qu’il fasse du « pour rire » c’est normal. Chez un adulte beaucoup moins, surtout si cela se répète dans le temps.
A noter que travestir la réalité est aussi une forme de mensonge. Le père Noël qui ammène les cadeaux, en est un très bon exemple. Voilà bien un mensonge autorisé et même encouragé par la société.
Que vous mentiez ou nous à votre enfant sur ce sujet, cela ne change rien à la magie de l’instant : lui ce qu’il veut, c’est que ses parents, sa famille, soient heureux lors d’un repas amélioré avec les cadeaux autour du sapin…Après celui qui vient les livrer, il s’en fiche un peu. Disons que ce mensonge fais d’avantage plaisir aux parents, qui se retrouvent à leur tour dans la peau des gosses.
Bien sur il ne s’en fichera pas si comme tout le monde,vous avez prôné ce mensonge. Mais l’on peut très bien expliquer à l’enfant qu’il s’agit d’une histoire : il jouera tout aussi bien le jeu. Après, vous pourriez bien me dire qu’un mensonge à propos du père noël, ce n’est pas grave : tout le monde le fait.
Disons qu’on ne pense jamais aux conséquences qui suivent, même les professionnels de la petite enfance. D’ailleurs dans mes propos, en tant que professionnel je me retrouve bien isolé.
Mais à mon sens, ne pas mentir sur le père Noël, cela évite bien la déception, lorsqu’il l’apprendra lui-même par ses camarades ou par un adultes. « Mes parents m’auront mentis ? » pourra t’il se dire..Ces parents à qui l’on est censé avoir une confiance absolue. A remarquer que l’enfant pourra à loisir se dire : « s’ils m’ont menti pour ça, ils pourront me mentir pour autre chose… ».
Et puis la maison est censée être un lieu sécurisant : un bonhomme inconnu (certes gentil), peu entrer quand il veut à la maison…Encore une fois si lui peut entrer, d’autres le peuvent : le croc mitaine ? Grand-mère kal ? Des monstres divers ?
Bref, je laisse le sujet à la réflexion. Mais moi, je prône la confiance absolue avec les gamins.
L’enfant, lui ne fait pas nécessairement la distinction entre ce qui est grave ou non. Ainsi ce qui pourrait être un petit mensonge pour vous, serait un gros pour lui.
Avec le père Noël, mentir est un jeu…
Chez l’adolescent menteur, l’on retrouve l’envie de travestir une réalité qui ne lui convient pas. Sans aller dans la mythomanie (qui est une compulsion au mensonge). Mentir c’est aussi une bonne méthode pour éviter la punition (chez le plus petit aussi) et les prises de tête avec ses parents. L’adolescent ment aussi certaine fois pour cacher ses problèmes. On aura intérêt à prendre rendez-vous avec le professionnel, l’ado se confiant rarement à ses parents (en tout cas pas en profondeur).
On remarquera que l’enfant cachera moins ses bêtises si l’on lui aura appris que « faute avouée, faute à moitié pardonnée »…
Ainsi, vous devez, au fur et à mesure, apprendre à l’enfant à assumer des actes et ses dires.
- La réalité ce n’est pas un dessin animé : il faut faire stopper l’enfant de temps à autre. Lui faire comprendre que la réalité ce n’est pas que l’imaginaire (même si s’en est un peu). Qu’il y a des choses qu’on peut « dire pour rire, pour du faux », et d’autres non. Lui faire comprendre que des fois, l’on ment parce qu’on voudrait que cela arrive, que le mensonge c’est des fois un souhait qu’on voudrait voir se réaliser en vrai.
- Ne pas culpabiliser : bon il a cassé la vitre du salon. Après avoir entendu son point de vu, vous constatez que c’est forcément lui. Vous l’engueuler certes, mais vous lui dites aussi que s’il avait reconnu sa faute, vous n’auriez pas crié. Pas la peine de punir pour un petit accident, sauf si avant que cela ne se déroule, vous aviez déjà prévenu 2 ou 3 fois. Une fois l’accident réparé, prendre le temps d’en discuter avec l’enfant. Lui dire qu’on préfère qu’il dise la vérité. Lui montrer que vous aussi vous faites des bêtises dans la vie, et que lorsque vous en faites une, vous le dites et que vous réparez.
- Donnez l’exemple : vous êtes le/les modèles du pire comme du meilleur.
- Soyez patient : l’éducation d’en enfant demande de répéter les choses très très souvent. On se voit en tant que parent, répéter les choses une vingtaine de fois par jour. L’idéal, restent le moment où les parents montrent l’exemple : vous dites à votre mari de ranger ses chaussettes, s’il pouvait le faire avant la 20ème fois…Notez que les femmes ne sont pas reste. Si si…
- Valorisez-le : lorsqu’il aura fait une bêtise et qu’il la reconnait, ou qu’il avoue qu’il a menti auparavant, valorisez le fait : qu’il se sente mieux dans sa tête d’avoir dit la vérité, et qu’il comprenne que quand on est grand on dit la vérité aux autres : donc dites-lui qu’en ne mentant pas il rentre dans le monde des grands, avec les avantages liés à ce monde.
A l’adolescence, si vous avez suivie les recommandations plus haut, le marmaille ne devrait pas être trop dans le mensonge. Après, parfait n’existe pas, surtout qu’à l’adolescence, l’on tente des expériences nouvelles. Lequel d’entre nous n’a pas caché à ses parents (ou menti délibérément !) qu’il sortait à un autre endroit que convenu ? Bref, n’oubliez pas que vous-même avez été plus jeunes. Et ce n’est pas parce que vos parents vous mettaient une gifle lorsque vous mentiez qu’il faille en mettre une à vos enfants. Les claques, tapes sur la mains, fessées, sont vraiment, mais alors vraiment du dernier recours, lorsque nous en tant que parents nous sommes dépassés par les événements. Et encore, il ne s’agit surement pas de se défouler sur le gamin.
- Ne pas en parler aux autres : ce qui se passe entre parents et enfant, reste entre parents et enfant. Même la fratrie n’a pas besoin d’être au courant. Le cas contraire, c’est très humiliant, et cela ternie la relation de confiance.
Article publié dans « Belle », supplément du « Quotidien », Ile de la Réunion.
Dr David GOULOIS : docteur en psychologie, psychologue, psychothérapeute et sexologue sur l’Ile de La Réunion
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