Les cauchemars des enfants

Les cauchemars des enfants

Les cauchemars des enfants:

L’actualité n’est jamais très « rose ». Ces derniers temps encore moins : tsunami, tremblements de terre…Nos enfants comme tous citoyens doivent être informés des faits d’actualité. Très tôt vers 4 ans, ils en comprennent les fondamentaux pour peu que le parent prenne le temps d’expliquer.

La guerre donne des morts, un tremblement de terre met des familles à la rue, un tsunami détruit tout sur son passage…

La vie n’est pas un bonbon enrobé de sucre candi. Ainsi les médias sont de bons moyens pour expliquer le monde. Cependant, il est vrai que certaines images véhiculées par la télévision (en autres choses) peuvent être choquantes. Aussi il convient autant que possible de faire le tri dans les images à voir ou à ne pas voir. Les médias télévisuels sont (maintenant) suffisamment prudents pour annoncer aux téléspectateurs les images pouvant choquer les plus petits.

Le parent se retrouve donc avisé.

Après il y a toujours une image que vous qualifierez comme « néfaste » et qui passera malgré vous.

Difficile de tout filtrer aujourd’hui pour ses enfants. Difficile de les protéger de tout. Difficile et non souhaitable, car vous n’êtes pas 24h/24H avec votre enfant.

Aseptiser votre enfants de tout ce qui pourrait être néfaste ne pourra que limiter ses défenses psychiques. Et la vie, ne fait pas de cadeaux.

Les cauchemars des enfants 1

Maintenant il y a des limites, d’où l’intérêt de respecter les pictogrammes sur les écrans de télé, mais aussi sur les jeux vidéos…Combien de parents ou grand-parents, dans l’insouciance et/ou dans l’ignorance, achètent des jeux prévus pour les moins de 18 ou 16 ans, aux enfant de 10-12 ans…

Après il ne faut pas s’étonner que le gosse fasse des cauchemars ou présente une terreur nocturne (anxiété grave à l’idée de la nuit, ou même pendant le sommeil : l’enfant se réveille en sursaut, crie, en larmes par exemple…).

Qu’est-ce qu’un cauchemar ? Morts-vivants, dragons, sensation de tomber dans le vide, accidents.. Dans votre sommeil, vous êtes amené à faire plusieurs rêves. Certains d’entre eux, vous vous en souviendrez, d’autres non. Les rêves appellent vos 5 cinq sens, mémorisés. En sommes vous rêverez d’une odeur particulière, vous aurez la sensation de marcher à reculons, le sentiment de vous noyer…Bref, les rêves, qu’ils soient positifs ou négatifs (les cauchemars) font toujours appel aux mêmes choses :

  • vous pulsions, vos fantasmes inconscients ou non (ce n’est pas parce que vous rêvez de coucher avec votre père que vous êtes incestueuse). Les fantasmes ne sont que l’expression de vos envies ou de vos dégouts les plus profonds, la plupart du temps tronqués par votre esprit.
  • votre vécu des heures, des jours, des mois, des années précédents.
  • aux symboles : votre inconscient met en « codes » vos pensées. Ainsi le rêve peut-être très réaliste comme très délirant. A ce propos, inutile d’acheter les livres clefs en mains qui vous permettraient d’interpréter vos rêves dans votre canapé : ce sont des livres commerciaux, sans aucuns fondements scientifiques. A titre d’exemple : rêver qu’on perd ses dents n’a pas le même sens selon les individus : nous n’avons pas tous le même vécu, la même culture. Ainsi les « choses » de notre environnement, nous n’y mettons pas tous la même « valeur », la même signification.
  • L’interprétation (très utile pour comprendre qui l’on est) se fait avec un spécialiste psychologue, psychanalyste.

Alors le cauchemars n’est qu’un rêve « négatif », souvent angoissant, car fait remonter en nous, nos peurs profondes, celles qui ont marqué notre existence et qui ont été travesti, modifié dans leurs formes, pour que votre esprits puissent d’une certaine façon les mettre en image. Ainsi un rêve n’est jamais à « prendre tel quel ». C’est toujours un « jeu de votre esprit ». Mais quel jeu !

Aussi ce que pourra faire chaque parent :

  • faire verbaliser l’enfant, l’aider à exprimer ce qu’il a cru vivre : car l’enfant (et c’est pour cela qu’il en pleure) croit un instant, à la véracité de ce qu’il vient de rêver. L’enfant n’a pas encore le recul de l’adulte.
  • lorsqu’un rêve ou que le thème du rêve est récurrent, c’est qu’il est annonciateur d’un traumatisme (léger ou inquiétant)…Même s’il n’est pas rare que les enfants en fassent, de toutes façons en enfant qui fait trop de cauchemars doit consulter.
  • ne cherchez pas à jouer au psy en essayant d’interpréter les rêves de votre enfant, cela pourrait être pire. Chacun son métier. Rassurer l’enfant sur ses craintes : les monstres n’existent pas, les fantômes non-plus…Les esprits et le diable…Attention à ce qu’on dit lorsqu’on est adulte. Des fois pour faire culpabiliser les enfants (ou toute personne d’ailleurs) l’on sort des croyances de sa religion (l’enfer…) ou de sa culture (grand-mère kal à La Réunion, le croque-mitaine en métropole)…Chacun ses croyances, mais « molo » sur les appels au surnaturel punitif…Ici-bas les seuls qui éduquent les enfants sont bien les profs et les parents ! Alors qu’on ne déresponsabilise pas le rôle des parents dans l’éducation des gamins…
  • Apaiser l’enfant : veilleuse, doudou, lumière dans le couloir. Talismans, médaillons, bible, auront la même fonction qu’un doudou ; ils rassurent les croyants par leur présence, ils sont donc très utiles. Alors pourquoi pas. Une musique douce (type berceuse, ou relaxation) est intéressante.
  • Une famille en conflit, non apaisée donc non sécurisante et ainsi angoissante, favorise les cauchemars. Ainsi faire attention au climat familial, conjugal.
  • Ne pas systématiquement prendre l’enfant dans son lit ou dormir un temps dans le sien. Pourquoi pas s’il s’agit d’un cauchemars très violent ou d’une terreur nocturne, mais si cela persiste il faut consulter. Si cela devient une habitude, c’est que vous culpabilisez à l’idée de ne faire quelque chose pour votre enfant (peur d’être un mauvais parent, ou peur que l’enfant vive la même chose que vous, enfant ? ) ou que vous vous sentez désarmé. Auquel cas vous ne rendez pas service à l’enfant. Il doit progressivement apprendre à gérer ses propres angoisses sans ses parents.
  • Généralement les cauchemars sont courant jusqu’à 5-7 ans. Puis deviennent de plus en plus sporadiques. Vers la dizaine d’années, normalement les cauchemars se feront rares.

 Les rêves font l’objet d’études depuis sans doute le début de l’humanité. Présages des dieux disait-on. L’on sait maintenant, depuis la psychanalyse, qu’il n’en est rien. Les neurosciences en sont maintenant à mesurer, à évaluer l’origine cérébrale de tel ou tel fragment de rêve. Autant dire que rêve et cauchemars sont devenus une affaire très sérieuse !

Article publié dans le magazine « Belle », supplément du « Quotidien », Ile de la Réunion

Dr David GOULOIS : docteur en psychologie, psychologue, psychothérapeute et sexologue sur l’Ile de La Réunion

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