Une paire de jumeaux pour 85 naissances dans le monde…
Si l’un de vos parents ou grands-parents a enfanté un jumeaux, il y a de fortes chances qu’a votre tour, vous ayez des jumeaux, mais ce n’est pas systématique ! De même que si, sur plusieurs générations il n’y a aucun jumeau dans votre famille, vous pouvez tout d’un coup en donner naissance.
Qu’ils s’agissent de jumeaux monozygotes (issus du même œuf considérés comme « vrais jumeaux ») ou dizygotes (deux œufs différents, les « faux jumeaux »), leur éducation a quelque chose de particulière…
Si ce sont les « vrais jumeaux » qui se ressemblent le plus, certains parents vont tout de même cultiver leurs différences. Il est certain que même deux jumeaux ont des spécificités propre à eux. Deux jumeaux ne sont pas gémellairement parfait ! Ainsi, tout deux ont leurs propres capacités physiques, leurs propres capacités cognitives (entendez intellectuelles).
L’on a vu régulièrement dans les médias, des capacités similaires chez des jumeaux, une sorte de résonnance entre les deux protagonistes (voire même une pseudo-télépathie).
Ceci dit, ci certains pensent qu’il y a un intérêt réel pour les enfants à cultiver une gémellité absolue, ce n’est certainement pas l’avis de la communauté psychologique (même si certains minoritaires l’auront un temps prôné).
Le risque est la fusion entre individus, cette fusion qui pousse les protagonistes à n’avoir aucune identité propre. Ils pensent pour deux, font tout pour deux. S’en est presque navrant. Pourquoi ? Il n’y aura que très peu, voire aucune place pour l’autre…J’entends, le futur conjoint. Ces couples de jumeaux fusionnés se suffisent à eux-mêmes, pourquoi auraient-ils besoin de quelqu’un d’autre ? Cela va même jusqu’à cultiver une jalousie réciproque prenant des proportions empêchant une vie sociale épanouie…
Evidemment, certaines fois, l’un des jumeaux fusionné, se dé-fusionne. Là, c’est souvent le drame. Ainsi, lorsque l’un des deux jumeaux trouve quelqu’un auquel il tient d’avantage que sont frère ou sœur (souvent parce que le conjoint y a mis un ultimatum, ne supportant plus d’être mis à l’écart, de ne pas passer en premier : « c’est moi ou ton jumeau »), il mettra une certaine distance avec son double.
Ainsi va la vie…Chez les « faux-jumeaux », l’on retrouve bien peu souvent cette problématique, facilités par leurs différences physiques.
Alors comment éviter le pire ?
Que les parents arrêtent de jouer : en plus des vieilles recommandations de la société, voire de spécialistes, les parents ne doivent cultiver la similitude à 100% de leurs enfants par « jeu », « parce que c’est drôle »…on encore parce que « cela donnera un caractère unique à la famille » (ou dans la famille), ou encore « parce qu’ils s’aimeront d’avantage que moi et mon frère/sœur ne nous sommes aimés »…Et que le reste de la famille, fasse comme vous (je pense notamment aux grands-parents). Il ne s’agit pas pour autant de nier l’évidence : ils sont jumeaux et auront toujours cette spécificité et c’est une certaine chance. Mais il ne s’agit pas d’encourager la fusion.
Pas de prénoms trop proches : pas de Nathanaëlle et d’Ismaël…Rien que cette proximité de prénoms, invite à les confondre. Qu’on les différencie bien dès le début de leur existence.
Pas de vêtements identiques : même si cela coûte moins cher…
Pas de jeux similaires : chacun ses jouets et puis avoir des jouets différents, cela permet de se les prêter, et donc d’interagir avec les autres (au sens large du terme). Sauf s’il y a vraiment un désir de la part des enfants, il s’agit de ne pas les frustrer davantage qu’il ne faut. Mais le parent ne doit pas encourager de lui-même cette pratique.
Autour du langage : des fois les jumeaux ont un retard langagier. Du fait qu’il se « nourrissent » mutuellement au niveau verbale. Aussi, cela disparait rapidement avec l’entrée en maternelle ou encore la crèche. Certains jumeaux développent même un langage bien a eux (« codé »), que personne hormis les proches parents peuvent décrypter (et encore, pas a tous les coups). Ne pas encourager ce genre de communication, cela va leur nuire dans les relations sociales (entretien de la fusion) et dans l’acquisition du langage.
Se faire aider : élever des jumeaux, c’est du boulot ! Faites appel à la CAF, ou encore au CCAS de votre commune pour voir s’il ne serait pas possible de débloquer les aides financières pour une aide à domicile. D’autant qu’il ne faut pas s’oublier soi, ni son couple.
La PMI (Protection Maternelle et Infantile) de votre commune, peut mandater une puéricultrice qui viendra à domicile vous donner des conseils, bien entendu de puériculture, mais aussi pour agencer votre maison (qui cela dit, doit être la plus ergonomique possible pour vous économiser en fatigue et vous faire gagner du temps).
Pour les jeunes parents attention au post-partum ! Cette dépression de la maman, peut aussi toucher papa et donc le couple..Une séance chez le psy ?
Les forums de parents : il y a du bon et du mauvais…Mais ces forums à défaut de vous donner des réponses toujours adaptées sur l’éducation de vos enfants, vous permettront de partager ce que d’autres parents vivent. On se sent moins seuls, moins à part du coup. D’ailleurs vous verrez que vous n’êtes pas les seuls parents a avoir une baisse de libido, ce qui lasse vite le compagnon (justement ce n’est pas une raison pour ne pas venir consulter, faites attention aux signaux d’alarmes !).
L’école :
Tenez-vous régulièrement au courant des progrès de vos enfants, concernant leurs acquisitions scolaires, mais aussi concernant la socialisation. Comme pour tout enfant, de toute façon.
Ne pas culpabiliser : le bon parent n’est pas celui qui est toujours présent, 24h/24h, pour ses enfants. Vous faites ce que vous pouvez ! Elever un enfant ce n’est déjà pas simple, alors des jumeaux c’est du sport ! De plus il y a de bonnes lectures, écrites par mes confrères sur le sujet, n’hésitez-pas. Toute bonne bibliothèque communale qui se respecte en possède au moins une (petit clin d’œil à celles qui n’en n’ont pas)…
Et ne pas oublier :
Jumeaux ou pas, des gamins restent des gamins. Ne l’oubliez pas, ils ont donc des besoins d’enfant comme tous les autres.
Publié dans le magazine Belle, supplément du Quotidien, Ile de la Réunion.
Dr David GOULOIS : docteur en psychologie, psychologue, psychothérapeute et sexologue sur l’Ile de La Réunion
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