Essentielle: Est-ce une pratique courante lors des rapports sexuels?
David GOULOIS: C’est une pratique des plus courante en Europe. Elle tend à se populariser sur les autres continents. Il faut savoir que le Kama Sutra l’encourage également et qu’il s’agit d’une pratique qu’on estime aussi lointaine que les premières véritables sociétés humaines, même si la priorité semblait être au rapport sexuel procréatif, en ce sens la pénétration vaginale. Au delà d’un plaisir centré sur la zone vaginale, il participe particulièrement à la lubrification qui précédera le coït.
Essentielle: Certaines femmes n’aiment pas la stimulation orale. Comment expliquer cela?
David GOULOIS: C’est souvent en lien avec trois choses: un tabou social-religieux, un traumatisme sexuel (exemple une agression), une pathologie organique.
C’est souvent la première raison qui domine. Aussi, si l’on fait lever le tabou, le cunnilingus est particulièrement apprécié. En Europe, tout comme l’absence de fellation est réellement une motivation à la rupture conjugale ou à l’adultère, les femmes réclament fermement leurs cunnilingus et gare à l’homme qui ne pratiquerait pas.
Essentielle: Certains hommes refusent de s’y mettre, pourquoi?
David GOULOIS: C’est souvent en lien avec un tabou social-religieux; de nombreux hommes, hors Europe, considèrent cela comme sale, du fait que les menstruations proviennent du même endroit. Il y a aussi des tabous sexuels lors d’une grossesse (l’impression de pratiquer indirectement une cunnilingus au fœtus). Pourtant, l’urine provient bien de la verge. Mais l’homme, jusqu’à encore récemment, imposait sa sexualité et son plaisir, sans faire attention à celui de sa compagne. C’est quelque chose qui évolue maintenant un peu partout.
Certains hommes particulièrement machistes, tendent à penser que pratiquer le cunnilingus, c’est se soumettre à la femme, alors qu’il s’agit bien du contraire. C’est celui qui donne du plaisir qui est maître du jeu. Ainsi, dans la fellation, même si la femme apparaît soumise, c’est bien elle qui décide d’exercer ou non l’art, en fonction des goût de son partenaire. Et l’homme, qu’il le veuille ou non, est bien dépendant du bon vouloir de madame.
Essentielle: Comment se fait-il que la fellation soit si vulgarisée alors que le cunnilingus l’est beaucoup moins?
David GOULOIS: En Europe, la pratique du cunnilingus est particulièrement vulgarisée. Certains chercheurs en psychologie et sexologie, disent que l’on mesure (partiellement) le degré de modernité d’une civilisation à sa liberté dans les pratiques sexuelles…Entendu, qu’une civilisation moderne n’a rien à voir avec son niveau technologique, mais plutôt avec la place qu’il accorde aux droits de la femme. Aussi, presqu’aucune femme de la génération actuelle et précédente en Europe, n’admettrait qu’un homme ne pratique pas l’art en question.
Essentielle: Comment demander à son compagnon un cunnilingus sans le brusquer?
David GOULOIS: Déjà il y aurait toute une dé-taboutisation à réaliser. Cette pratique n’a rien de perverse. Il y a encore un siècle, la fellation, notamment en Europe, était considéré comme perversion. Or, comme vous le dites, les hommes, en sont pourtant demandeurs. Aussi, plus la femme prend une position élevée dans la société, plus le cunnilingus apparaîtra comme une norme. Ce sont certainement des femmes chefs-d’entreprise, nobles ou encore ayant réalisées des études qui ont certainement su démocratiser la pratique.
L’on peut aussi faire comprendre à l’homme, toujours prompt à se sentir puissant et viril, qu’en pratiquant la cunnilingus, il devient nonpas l’esclave de la femme mais, son maître…
Ensuite, il convient de négocier. Dans le couple, tout et affaire de négociations. Aussi, si pas de cunnilingus, pas de fellation! Il convient évidemment d’amener les choses diplomatiquement dans un premier temps, mais une grève du sexe fait assurément réfléchir un bonhomme…L’on peut aussi, amener progressivement la pratique via la position du 69, au chacun s’occupe de l’autre oro-génitalement. Dans l’excitation, il est possible que l’homme mette de côté ses freins psychiques. Egalement, l’on peut progressivement à son rythme titiller la zone proche, comme les entre-cuisses, ou juste le clitoris, puis en fonction de soi, se rapprocher de la zone vaginale.
Enfin, il existe aussi le préservatif féminin,, qui permet d’instaurer une forme de barrière entre les secrétions vaginales et la bouche de l’homme, ce qui peut possiblement le rassurer et pourquoi pas progressivement s’adonner sans cet outil.
Parution dans le Magazine Essentielle, Océan Indien.
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