Le complexe d’oedipe chez le jeune enfant

Le complexe d’oedipe chez le jeune enfant

« Œdipe ? Œdipe ??? Hé, Œdipe toi-même ! ». Tout le monde en a au moins une fois entendu parler. Ce fameux complexe d’Œdipe est rentré dans les têtes de nombreux parents. Mais il est plutôt mal défini et l’on en parle souvent à tort et travers.

Tout d’abord, Œdipe c’est une légende grecque antique. Comme toute les légendes, elle tire son intérêt de questions et d’interdits auxquels l’humain ne peut en avoir recours que par des moyens détournés : le mythe.

Ainsi l’histoire d’Oedipe : Laïos et Jocaste, respectivement père et mère d’Oedipe reçoivent les conseils d’une « devin » locale, la pythie. Cette dernière leurs conseilla d’abandonner le gamin, car une fois grand, il serait amené à prendre la place de son père, alors roi de Thèbes. Œdipe, recueilli, il grandit et devient un vaillant jeune homme. Allant « bat caré dan chemin », Œdipe se trouve nez à nez avec un homme qui ne veut pas lui laisser la priorité au passage. Après bataille, l’homme décède. Œdipe apprendra plus tard, qu’il avait ainsi tué son paternel. Revenant à Thèbes, il découvre sa ville natale assiégée par le monstrueux Sphinx. Il libère la ville et on lui promet la main de la veuve d’un roi tué sur le bord d’un chemin…

Ainsi il épouse sa mère et sans le savoir réalise, l’inceste.

Après qu’on l’eu informé de ses « erreurs », de désespoir Jocaste se suicide, et Oedipe se crève les yeux…

Voilà pour la petite histoire, mais rassurez-vous chers parents, à la maison, vous n’en arriverez pas à ces extrêmes.

C’est Freud qui utilisa bien volontiers, le complexe d’Oedipe pour expliquer comment l’enfant de 3 à 5 ans (aujourd’hui on parle davantage de 3 à 7 ans) s’attache à son parent de sexe opposé.

Le fils « désire » maman, la fille désire papa. Qu’on se rassure, il n’y a rien de « pervers » la dedans, c’est un désir d’enfant. Disons qu’à cette âge, consciemment, l’enfant aura par exemple envie de sa marier avec le parent du sexe opposé.

En même temps, c’est assez paradoxale comme situation : l’enfant vous couvre de bisous, d’attentions et en même temps réclame une autonomie de grand. Il est donc également, légèrement agressif avec ses parents, y compris avec celui qu’il désir.

Peut-on dire qu’à cet âge se joue une forme de crise d’adolescence ? On le pourrait : parlons alors de crise de l’enfance.

Concrètement, le garçon s’opposera particulièrement au père : il tentera d’être le préféré de maman. Il la « sauvera » de papa lors de jeux parentaux par exemple. Une certaine rivalité s’installe. La fille, elle, « empruntera » (sans demander), les habits et bijoux de maman, jouera avec le maquillage..Fera la grande…

Le complexe d’oedipe chez le jeune enfant 1

Processus tout à fait normaux, que chaque enfant (avec variables culturelles cependant) exprimera. Y compris chez les couples homosexuels ou monoparentaux (l’enfant trouvera dans la famille, dans l’entourage, un parent de « substitution »). Par ailleurs, être enfant de parents homosexuels ne fait pas devenir homosexuel.

C’est d’ailleurs, à cette étape de vie, que se joue l’orientation (qui j’aime : fille, garçon, les deux ?) et l’identité sexuelle (qui suis-je ? fille ou garçon) de l’enfant. Si les parents ne rentrent pas dans le jeu de séduction de l’enfant, tout ce passera bien. Inutile pour autant de rejeter trop fermement l’enfant, mais il s’agit très clairement de faire comprendre à l’enfant qu’il devra choisir d’autres partenaires amoureux que ses parents. A papa de faire comprendre à son fils que « maman, c’est ma femme, tu devras donc, te trouver toi-même plus tard, quand tu seras grand, une femme ». Et a maman d’acquiescer : « je suis la femme de ton père, tu devras t’en trouver une ».

Un Oedipe mal résolu à cause de parents se laissant trop coller par leur enfants, ou encore de parents séducteurs et se laissant séduire, aura des conséquences énormes pour le développement de l’enfant : la névrose. Sérieusement, si en tant que parents vous vous sentez flatté par les tentatives de séduction de votre enfant à votre égard, il y a comme un souci. On n’oubliera pas que les problèmes oedipiens se transmettent de génération en génération : pas par les gènes, mais inconsciemment, à travers les dires, les non-dits, les secrets, les ambiguïtés dans la famille…C’est ce qu’on appelle la transmission transgénérationelle. D’où l’intérêt de ne pas favoriser les situations confusionnelles : chacun sa place dans la famille. Hors de question que l’enfant embrasse ses parents sur la bouche : ceci est réservé entre parents. Il y a des gestes qui sont réservés aux adultes. Pas question non-plus d’encourager l’enfant à dormir dans votre lit (sauf cauchemars, et encore dans les cas extrêmes et rares).

Et surtout respecter la pudeur. Dès les 1 an et demi de l’enfant, on ne se ballade plus « à poil » dans la maison, et l’enfant ne doit pas avoir accès à la salle de bain lorsque vous y êtes nu.

Publié dans le magazine « Belle », supplément du « Quotidien », Ile de la Réunion

Dr David GOULOIS : docteur en psychologie, psychologue, psychothérapeute et sexologue sur l’Ile de La Réunion

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