Essentielle: La masturbation féminine : un sujet tabou ?
David GOULOIS: Disons que cela dépend des milieux sociaux. Il est clair que les milieux aisés, instruit, culturel banalisent la masturbation féminine. C’est d’ailleurs une pratique qui se démocratise de plus en plus dans les sociétés dites occidentalisées, car en lien avec la liberté de la condition féminine et le droit à l’orgasme. Ainsi, la femme entend, comme les hommes, se faire plaisir quitte à acheter le sex-toy qu’il faut. A noter que nombre de séries américaines ont participées à cette banalisation, notamment sex and the city.
Essentielle: Qu’est-ce que cette pratique sexuelle apporte à la femme ?
David GOULOIS: Comme pour l’homme, du plaisir physiologique et psychologique. Et puis, en lien c’est une façon de faire un pied de nez à la société, à la religion, pour peu qu’on est grandit dans un certain puritanisme.
Essentielle: Est-ce une pratique dont on doit parler avec son conjoint ?
David GOULOIS: Tout dépend si l’on a envie et pourquoi l’on veut le faire. Après tout, cela fait partie d’un jardin secret. Toutefois, certains hommes pourraient s’en trouver vexer, car aurait des difficultés à entendre que leur pénis (et par extension eux-mêmes) n’est pas le seul outil du plaisir de leur compagne. Une hypocrisie, car les hommes, mariés ou non, ne se privent pas de la masturbation.
Essentielle: CAS : «Je suis en couple et je me masturbe, est-ce qu’il y a un problème» ?
David GOULOIS: Aucun problème. Votre mari, votre conjoint le fait (ou devrait s’y mettre s’il ne le fait pas, cela permettrait de ne pas tous les jours solliciter sexuellement sa compagne au risque d’un émoussement du désir : le désir nait du manque ne l’oublions pas).
C’est un problème pour les personne primitives, qui ont une conception très archaïque des places et rôles de la femme. Et puis dès, fois l’on est jamais si bien servi que par soi-même !
Essentielle: CAS : «Me masturber ? Je trouve ça dégoûtant, est-ce normal»?
David GOULOIS: Non. Mais c’est un critère de consultation, seulement si cela créé chez vous une tension psychique : à savoir que vous avez envie de le faire, ou le faites déjà, et que cela créé un sentiment de honte, de culpabilité. La masturbation fait partie de la découverte de son corps et permet d’apaiser une tension psychique naturelle (sauf si la masturbation devient compulsive au point de ne plus réaliser ses tâches quotidienne ; mais qu’on se rassure, ce n’est absolument pas en pratiquant que l’on devient un obsédé de la chose ; c’est bien plus compliqué que cela). Lorsqu’on l’on trouve cela dégoutant, c’est toujours en lien avec un psycho-traumatisme et/ou une éducation à la sexualité conservatrice. Qu’on se le dise, la femme moderne se masturbe et l’assume.
Publié dans le magazine Essentielle.
Dr GOULOIS David, Psychologue-sexologue, St Pierre, La Réunion 974.
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