La jalousie dans la fratrie

La jalousie dans la fratrie

Tout d’abord, qu’est-ce que la jalousie ? La jalousie c’est un processus de haine, suite à la peur de perdre l’amour qu’on croyait bénéficier jusqu’alors.

Alors qu’elle est sa place dans la fratrie ?

Pendant des années, l’ainé était le seul à être choyé par les parents ; dans la tête de l’enfant, consciemment ou non, il pensait être l’unique objet d’amour de ces parents, et ce possiblement pour toute sa vie.

Et là, arrive tout d’un coup, un concurrent redoutable : le benjamin.

Avouez qu’il y a de quoi avoir les « boules ».

L’ainé va devoir s’adapter, composer avec les désirs du benjamin vis-à-vis de ses parents et composer avec ses propres désirs à lui. Ainsi, l’ainé aura certainement l’impression de passer en second.

Ce processus est quasiment systématique ; mais souvent il tend à se résorber à partir du moment où les parents ont su rassurer l’enfant : d’abord en verbalisant les angoisses de cet enfant («  je sais que tu as peur de nous perdre, mais nous t’aimons autant qu’avant »), puis en agissant (passer des instants privilégiés avec cet enfant, seul avec maman, seul avec papa et pourquoi pas si cela est possible, seul avec les deux parents).

Il ne faudra pas pour autant négliger le benjamin. Tout est une question d’équilibre.

On remarquera que cette jalousie dans la fratrie à l’égard de l’autre enfant, n’est pas forcément en lien avec l’amour des parents : cela peut-être en lien avec les grands-parents, ou même en lien avec un autre enfant de la fratrie : l’ainé peut avoir joué un rôle de parent de substitution surtout si les écarts d’âge sont différents ; à ce moment les conflits et la haine liés à la jalousie seront contre les autres enfants de la fratrie, les puinés par exemple (ceux du milieux).
En fait dans la fratrie tous les « sens de la jalousie » sont possibles, même si souvent, il s’agit de l’ainé qui est jaloux des puinés et/ou du benjamin.

Le sens peut donc être inverse : le benjamin peut être jaloux des avantages qu’a l’ainé dû à son âge : l’on n’a pas les mêmes droits concernant les sorties en dehors de la maison, quand on a 16 ans que quand l’on en a 13.

La jalousie dans la fratrie 1

Cette jalousie est vraiment typique des relations entre frères et sœurs. Ainsi, les parents n’ont pas vraiment à culpabiliser ; ni non plus à culpabiliser les enfants jaloux. C’est un sentiment terriblement humain qui, tant qu’il n’envahit pas la vie des enfants, reste tout à fait normal. Si les enfants commencent à en venir aux insultes et aux coups à répétitions (hormis les chamailleries de tant à autres ; pour les identifier ces chamailleries, voyez s’ils se réconcilient rapidement, au moins le lendemain ou le sur-lendemain), il faut peut-être consulter un psychologue familial. De toute façon, vous n’avez pas à tolérer les insultes ni les coups sous votre toit. C’est aux parents de faire la police à la maison et donc de faire se respecter chacun. Maintenant, en tant que parents vous ne pouvez pas les obliger à s’aimer, du moins d’une façon très démonstrative (votre famille ne fonctionne certainement pas comme dans la « Petite maison dans la prairie »).

Par ailleurs, ce n’est parce que vos enfants se lancent des noms d’oiseaux, qu’ils ne s’aiment pas. Cela ne veut pas dire nécessairement que vous avez mal fait votre travail de parents non-plus.

De toute façon, comme j’ai coutume à le dire, mieux vaut consulter un psy une fois pour rien (enfin, est-ce vraiment pour rien, car l’on a toujours à apprendre de l’autre, particulièrement d’un professionnel) plutôt que de négliger un aspect qui pourrait s’avérer important.

Le psy saura vous guider dans votre rôle parental. Si tout va bien dans la « smala », tout va bien ! Il ne vous proposera donc peut-être pas d’autres rendez-vous.

J’en profite pour rappeler qu’une consultation familiale efficace nécessite la présence de tous les membres de la famille (papa, maman et les enfants). Tant de pères ne viennent pas et c’est dommage. Ils ont pourtant leur mots à dire, leur place à prendre. C’est peut-être l’occasion rêvée de se faire entendre. D’autant que la majorité des psy consultent en soirée, donc l’absence pour raison de travail est souvent une fausse excuse (si si…).

Pour revenir à notre sujet, le meilleur moyen d’éviter la jalousie dans la fratrie est d’entretenir la différence : pas dans le traitement de la part des parents, mais dans la reconnaissance des enfants par ces derniers . Ainsi chaque enfant à ses « spécialités » ; chacun son truc ; c’est aux parents de souligner au sein de la fratrie, les différences de chacun et surtout de montrer que même si l’on est pas vraiment doué dans un domaine, on l’est bien dans un autre. C’est aux parents de valoriser les compétences de chacun.

Enfin que les adultes ne positionnent pas les enfants en concurrence les uns avec les autres (les parents ne s’en aperçoivent des fois, pass du tout).

C’est la principale raison des jalousies malsaines au sein des fratries.

Article publié dans le Magazine « Belle », supplément du « Quotidien », Ile de la réunion

Dr David GOULOIS : docteur en psychologie, psychologue, psychothérapeute et sexologue sur l’Ile de La Réunion

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