La rupture est souvent un moment vécu difficilement y compris pour le conjoint qui en prend la décision.
En effet, celui qui ne prend pas la décision de la rupture, est celui qui subi, qui se retrouve en situation d’impuissance. Il ne peut faire quelque chose pour retrouver la situation passée, il ne peut faire revenir l’autre comme il le voudrait.
Aussi, il ne lui reste qu’à souffrir, le temps d’aller mieux : il doit faire le deuil de ce qu’il a connu, il doit faire le deuil de la précédente relation. Souvent, ce deuil est difficile à faire, car l’autre partenaire, ou la relation en elle-même représentait « un idéal ».
Il représentait, ou répondait « aux fantasmes de vie », cette vie qu’on avait idéalisée pour faire aussi bien que celle des parents, ou mieux encore.
« Dites-moi qu’elle m’a quitté pour un autre que moi, mais pas à cause de moi », chantait Jonasz. Il est vrai qu’il est plus facile de se dire que l’on n’est pas responsable de cet « abandon », et qu’un événement extérieur en est la cause.
Il faut savoir que la rupture est souvent la conséquence des deux partenaires et non d’un seul.
C’est du 50/50.
La personne qui subi cette rupture devra donc passer par les différentes étapes du deuil que sont les suivantes :
- -le choc et le déni : lorsqu’on vient d’apprendre l’événement, on refuse d’y croire. On est comme « saisi ». En quittant cette phase, l’individu va avoir la conscience d’avoir perdu quelque chose, quelqu’un.
- -la colère : on est en colère contre l’autre, contre soi (on parle alors de culpabilité). Les amis seront d’un bon secours, car ils aideront à trouver les défauts de celui qui est parti.
- -La négociation : « on pourrait peut-être faire ceci, ou cela ». « Et si l’on tentait cela ». « Peut-être qu’on peut encore faire quelque chose… ».
- -La dépression : phase de grande tristesse, soutient familial, amical et psychologique très important.
- -L’acceptation : on admet progressivement la perte, on se sent mieux.
Il arrive plus rarement qu’une personne dans une étape, revienne dans une étape précédente. Ou qu’elle passe de la première étape à la dernière. Un deuil peut prendre 6 mois à 1 an, car le franchissement d’une étape ne se fait pas aussi nettement que cela.
Bien entendu, il convient que l’autre accepte cette séparation ; si on aime vraiment, si l’on a vraiment aimé, on doit accepter (même si cela fait mal), que l’autre ne soit pas heureux avec nous. Si l’on aime, on ne souhaite que le bonheur de l’autre, on ne cherche pas à le retenir par des menaces de suicide, d’enlèvement d’enfants ou encore de passages à l’acte (exemple : « si tu t’en vas, je te tuerai ainsi que les enfants »).
Ces personnes qui effectuent du chantage affectif sont des personnes manipulatrices : ce n’est pas l’égoïsme du moment qui pose problème, car lorsqu’on souffre on pense naturellement ou souvent à soi en premier. Mais c’est la « possession pathologique » (dans un couple on se possède logiquement un tout petit peu mutuellement) : en ce sens qu’il est inconcevable pour celui qui est quitté, que celui qui quitte soit heureux seul ou avec quelqu’un d’autre. C’est un trait psychique qu’on retrouve naturellement chez les pervers de type narcissique, fieffés manipulateurs. Le pervers narcissique est a fuir le plus loin possible.
Celui qui menace, qui fait chanter lors d’une rupture ne vous mérite pas. Ce n’est même pas vous en tant que personne qu’il désire, mais ce que vous représentez pour lui dans son psychisme (en général l’un de ses parents). En restant, pour l’autre, on ne lui rend pas service, on le leurre; et à soi, l’on se fait du mal inutilement.
Mais malgré tout, certaines personnes ne réussissent pas leur deuil et restent enkystées dans leur souffrance.
Il s’agit de personnes qu’on qualifie de mélancoliques ou sens pathologique du terme.
La mélancolie est une dépression très grave, qui s’inscrit dans le registre de la psychose maniaco-dépressive (alternance de bonnes et mauvaises humeurs-tristesses) ou du trouble de la personnalité Border-Line (c’est ceci dit, davantage une angoisse d’abandon qu’une mélancolie) : aussi les personnes en souffrance dans la durée, ont déjà une structure psychique qui les « prédispose » à cette souffrance très puissante » en dehors de cette séparation.
Auquel cas, il convient d’admettre que ces personnes ont une faiblesse psychologique très particulière qui les empêche de dépasser une souffrance, que la plupart pourrait éloigner plus ou moins facilement. Mais ce n’est pas à l’être « aimé », d’en porter le poids. La séparation n’est pas la cause de la souffrance, mais est la révélatrice de cette souffrance. La présence de la famille est nécessaire, mais surtout un prise en charge psychologique est vitale.
Si l’on se trouve donc dans ce registre, il convient de consulter rapidement, car on sait que chez les mélancoliques le passage à l’acte suicidaire est probable.
Mais celui qui s’en va ne doit pas culpabiliser pour autant, car il ne doit pas faire semblant d’être heureux, même s’il a des enfants (les enfants grandiraient dans un faux-amour et auront alors sans doutes des difficultés à exprimer la sincérité de leurs émotions une fois adultes). Celui qui est quitté ne doit pas s’atrophier (trop) pour l’autre, car la vie est courte et qu’on n’en possède qu’une seule.
Celui qui a été quitté, n’entend pas (dans un premier temps) qu’il pourra retrouver l’amour et c’est pourtant le cas. A condition ne pas mettre toutes les femmes et hommes dans le même panier. Souvent j’entends chez des femmes que les « hommes sont tous des salauds », ce qui empêche d’être disponible à une nouvelle histoire d’amour.
Lorsqu’on a été quitté, et cela depuis plus d’un an, sans avoir eu envie de rencontrer quelqu’un, sans avoir eu consciemment envie de se faire aimer, il faut consulter. Car le risque est de s’enfermer dans une souffrance pathologique.
Article publié dans le magazine « Belle », supplément du Quotidien, Ile de la Réunion.
David GOULOIS, Psychologue clinicien, psychothérapeute et sexologue, consultations à St Pierre, ile de la Réunion 974, 0693917865
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