Le consentement sexuel : comment bien faire comprendre qu’on a pas envie ?
Essentielle : C’est quoi le consentement quand on parle de relations sexuelles ?
David GOULOIS :. Le consentement sexuel, est le prémisse obligatoire avant tout rapport du même nom. Entendu, que sans consentement réciproque entre partenaires, l’on est dans la catégorisation de l’ « abus sexuel », voire du « viol ». En effet, on estime que le consentement doit être « total », et pour cela, la personne participant à un ébat sexuel, ou à un jeu de cette nature, doit être en totale capacité de donner son accord ou son désaccord. Cela nécessite d’avoir lors du rapport, toutes ses capacités intellectuelles, toutes ses facultés mentales, ce qui n’est pas le cas des personnes porteuses d’handicap, ayant un trouble psychique, sous l’effet de drogues ou d’alcool, et bien évidemment les enfants, entendu que ces derniers du fait de leur immaturité psychique et physiologique, ne peuvent avoir pleinement conscience et encore moins désirer, le rapport sexuel.
Essentielle : Pourquoi est-ce que cette donnée est si importante dans les rapports hommes-femmes ?
David GOULOIS : Parce qu’elle conditionne l’éventuelle infraction morale et judiciaire. C’est cette notion qui détermine la pénalisation de l’acte sexuel en question. Etant expert judiciaire auprès de la cour d’appel de La Réunion, c’est souvent cela qu’on me demande de déterminer.
Essentielle : Pourquoi est-ce que les limites entre le consentement et le refus sont-elles parfois floues quand il est question de rapport ?
David GOULOIS : Parce que lorsque les individus ne sont pas tous en pleine conscience de leurs actes, le refus ne peut pas être toujours clairement exprimé. Difficile de dire « non », avec 2 grammes d’alcool par litre de sang, par exemple. Par ailleurs un rapport sexuel peut être initié, puis dans l’acte, l’un des partenaires ne plus vouloir poursuivre ; auquel cas le refus de poursuivre doit être très clair, sinon l’on ne pourrait en cas de plainte ultérieure, caractériser pleinement le viol.
Essentielle : Comment une femme peut-elle faire clairement et sans ambiguïté, comprendre à un homme qu’elle n’a pas envie de lui ?
David GOULOIS : Avant et pendant l’acte, en disant « non », fermement et sans ambiguïté. Les signes de non-consentement comme les pleurs, la négation de tête, le fait de repousser l’individu sont aussi des éléments qui peuvent caractériser l’agression sexuelle si l’homme persiste dans son comportement, mais elle ne sont pas toujours suffisante (c’est au magistrat d’apprécier les faits). Le « non », reste le moyen le plus explicite de signifier qu’on a pas envie.
Essentielle : Est-ce qu’on peut dire que l’homme doit aussi donner son consentement ?
David GOULOIS : Bien entendu. Ceci dit il y a plus de risque de rapport non-consentis dans le rapport homosexuel masculin, qu’hétérosexuel. Rarement un homme, serait amené à un avoir un rapport sexuel malgré-lui (et bien entendu, cela ne se résume pas à l’érection : en tant qu’expert à la cour, nous avons été amené à nous prononcer sur la cas d’un homme ayant littéralement subi une fellation ; autant dire que l’érection soit présente ou non, n’est pas la question de fond, puisque la seule stimulation mécanique suffit à provoquer le durcissement du pénis ; cela ne veut pas dire que l’auteur avait pour autant envie de ce rapport). Le viol masculin existe aussi et est souvent davantage dissimuler que chez la femme : une question de virilité mal placée.
Publié dans le magazine Essentielle, Océan Indien.
Docteur GOULOIS David, Psychologue Ile de La Réunion, 974.
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