Essentielle: C’est le moment de reprendre du service, à quoi faut-il s’attendre quand on couche après un long moment ?

David GOULOIS: Bon, déjà faire l’amour ce n’est pas reprendre du service: ce n’est pas et cela ne dois pas, être une corvée, une tâche…Il faut aussi savoir pourquoi l’on n’a pas eu de rapport depuis un moment: un conflit de couple qui s’est enkysté sur la durée ? une maladie ? une grossesse (normale ou pathologique)? un accident? une rupture ? Qu’elle qu’en soit la raison, en générale il y a une sorte d’appréhension, ce qui est normale. Après, cela revient tout seul (le plus souvent).

Essentielle: Il y a-t-il une préparation physique et émotionnelle à prévoir avant de se lancer à nouveau ?

David GOULOIS: Physique, non. Emotionnelle, oui. Ainsi, l’individu doit se préparer au fait que cela ne soit pas aussi « top » qu’il l’aurait voulut. Il faut être patient, et ne pas chercher la perfection; le sexe, ce n’est pas une course.

Essentielle: Est-ce que la reprise du sexe peut être vécu comme un traumatisme ?

David GOULOIS: Oui, si cela ne se passe pas bien; si l’on sait mis, ou que le conjoint a mis la « barre trop haute ». La reprise de la sexualité ne doit pas être vécue comme une obligation, ni comme un devoir conjugal. Mais plutôt comme l’occasion de reprendre une forme de plaisir qu’on avait mis de côté, ce faire du bien seul, et mutuellement, et donc satisfaire un besoin essentiel de la vie d’un être humain.

Essentielle: Est-ce que le fait de ne pas avoir de relations sexuelles depuis longtemps a un impact sur la santé de la femme ?  

David GOULOIS: psychiquement oui, cela peut. physiquement, non. En fait, l’on peut, avec plus ou moins de difficulté, se passer de sexualité sur un laps de temps (c’est encore plus vrai pour la femme), selon le processus de sublimation: l’on transforme ses pulsions en quelque chose de socialement valorisant, comme par exemple, le surinvestissement du travail, de la créativité artistique, la pratique d’un sport, ou même, sa fonction maternelle voire religieuse. Ce n’est pas bon, car s’est se priver d’une forme d’amour humainement universelle et qui doit être satisfaite (je parle de rapports sexuels associé à l’affectif). Ainsi, même une nonne, qui a fait « veux de chasteté », se frustre dans sa nature profondément humaine: ses soeurs et Dieu ne peuvent suffire, à un moment donné de sa vie, à combler le besoin de tendresse charnelle ainsi que la trop grande tension sexuelle; et le risque le plus courant, et que pourtant, tout le monde nie, reste la dépression. C’est d’ailleurs pour cela qu’on questionne le mariage des prêtres, d’autant que le sujet masculin par sa nature physiologique et physique, contrôle encore moins ses pulsions; ainsi, les révélations de cas pédophiles sont de moins en moins rares, quelle que soit l’obédience religieuse ou mystique. Le fait que nombre de personnes initialement vouées à Dieu sortent chaque année des ordres, en est la plus explicite des réponses.

Essentielle: Et si c’est lui qui n’a pas fait l’amour depuis longtemps, à quoi faut-il s’attendre ?

David GOULOIS: dans la plupart du temps,  à ce que cela « parte vite ». Mais il arrive des fois que l’homme se mette trop la pression psychiquement, et qu’il n’arrive pas à conserver une érection suffisamment tonique pour jouir. Dans les deux cas, cela doit être immédiatement dédramatisé, car c’est plus courant qu’on ne le croit. Si cela se transforme en angoisse, consulter rapidement votre psychologue-sexologue.

 Publié dans le magazine Essentielle, Océan Indien.

David GOULOIS, Psychologue 974