Avoir une sexualité malgré les tracas de la vie ?

Avoir une sexualité malgré les tracas de la vie ?

Comment s’organiser un espace de…désir

La vie, le boulot, les chiens, les enfants. Les responsabilités. Les soucis. Les problèmes de sous. Toutes ces choses viennent, souvent, perturber le mental et, donc, le désir. Est-ce possible de se couper de tout et de s’offrir des instants de désir, malgré tout.

Essentielle : Comment est-ce que le quotidien influe sur le désir de la femme ?

David GOULOIS : Cela influe fortement, très fortement sur le désir de la femme. Chaque humain possède une structure psychique constituée par le vécu, l’éducation reçue durant l’enfance. Ainsi, chacun a des mécanismes de pensée qui lui permettent de voir le monde et de s’en protéger d’une façon qui est (pour faire court) propre à l’individu. Ainsi, l’on n’accorde pas tous la même valeur affective à un même événement de vie. Et donc, chaque femme vivra son quotidien de telle ou telle manière et cela parasitera selon une intensité donnée, le psychisme de la femme qui n’est alors plus disposée aux ébats. C’est aussi une sorte de réflexe psycho-physiologique animalier (les humains ne sont que des animaux parmi les autres) : par exemple, si les petits de la femelles ne vont pas bien, si le mâle n’est pas sécurisant, alors elle n’a pas envie de se reproduire de nouveau.

Essentielle :Pourquoi est-elle beaucoup plus touchée que l’homme sur cette question-là ?

David GOULOIS :

La sexualité de la femme est avant-tout émotionnelle donc forcément si elle ne va pas bien dans ce registre là, la libido, le désir va en pâtir. L’homme également est impacté dans son désir par les soucis du quotidien, en particulier la nouvelle génération de plus européanisée, celle qui développe une pensée davantage tournée vers l’acceptation de vivre ses émotions. Mais l’on ne peut pas dire que cela a autant d’impact que chez la femme.

Essentielle: Est-ce possible de s’organiser un espace de désir ?

Avoir une sexualité malgré les tracas de la vie ? 1

David GOULOIS : Il le faut absolument. Mais c’est une question de compréhension et de volonté ; il faut que la femme comprenne que la sexualité est importante pour son couple et qu’elle ne la considère pas comme accessoire car ce n’est pas du tout le cas de son compagnon. Donc, l’entretien de la maison, les enfants et aujourd’hui le travail, ne doivent pas être les seules priorités. Il faut équilibrer sa vie et laisser une place suffisante à la sexualité. Mais bien évidemment, ce qui est valable pour le femme est valable pour l’homme.

Essentielle: Existe-t-il des techniques pour y arriver ?

David GOULOIS : Ce sont les techniques dites de « lâcher prise ». En fait, il s’agit plutôt d’une organisation de vie à revoir, associée à une psychothérapie introspective et assez philosophique, qui permet de traiter le problème. L’on doit repérer ses freins et y remédier, sans rester sur un simple constat.

Essentielle: Quel est le rôle du conjoint pour créer cette zone only pleasure ?

David GOULOIS : Elle est importante, car souvent les femmes se disent débordées dans la gestion de la vie de tous les jours (l’entretien de la maison, l’éducation des enfants), surtout si elle travaille. Et il est absolument normal que la femme recherche l’autonomie financière, la socialisation et le sentiment d’utilité par le travail ; ainsi il est hors de question qu’elle cesse ses activités pour satisfaire la sexualité du couple. Mais elle peut se concentrer un peu moins sur l’entretien de la maison et sur l’éducation des enfants si elle ne cherche pas à être une « femme parfaite » : cela passe obligatoirement par le fait que l’homme prenne sa part dans l’éducation et les tâches du foyer. Par ailleurs, une femme a besoin que son partenaire la surprenne par des attentions ou encore qu’il soit démonstratif affectivement (sans chercher le rapport sexuel obligatoirement), qu’il communique sur ses émotions…Bref, si l’homme agit ainsi, sa femme se montrera sexuellement plus pro-active, sauf si elle fait partie de ces femmes ultra-carriéristes (au même titre que les hommes) ou qu’une pathologie mentale vienne la perturber. Là, la consultation psycho-thérapeutique s’impose.

Publié dans le magazine Essentielle, Ile Maurice.

Dr GOULOIS David, Psychologue de couple, La Réunion, 974.

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