Magazine Essentielle:

Comment analysez-vous le phénomène sex-friend?

David Goulois:

Le sex friend est un partenaire sexuel. Parfois, c’est aussi un ami, un confident. Ca ne s’inscrit pas nécessairement dans le cadre de l’infidélité conjugale: beaucoup de célibataires ont un sex friend. Il me semble tout de même que ce sont les femmes qui souffrent le plus de ces relations qui ne sont que rarement claires et bien définies.

Magazine Essentielle:

On a l’impression que le phénomène se démocratise, il est de plus en plus présent dans les médias, au cinéma. Mais n’a t’il pas toujours existé?

David Goulois:

Oui, il a toujours existé, mais il s’est démocratisé. Le sexe se banalise parfois à l’excès. C’est la conséquence de l’avènement de la liberté sexuelle en Europe. Cette liberté influence les autres pays. Cependant on remarquera que plus un pays est conservateur en matière de sexualité, plus les individus s’autorisent en cachette des pratiques sexuelles, sans toujours mesurer les conséquences de leurs actes, un peu comme un acte de rébellion.

Magazine Essentielle:

Les deux partenaires sont-ils à égalité dans une relation sex-friend?

David Goulois:

Cette relation ne convient pas forcément aux deux partenaires. Car l’un des deux peut développer des sentiments amoureux. il est possible qu’il accepte la relation sexfriend en espérant qu’elle se transforme en relation amoureuse. Et ça, c’est souvent le cas des hommes.

Magazine Essentielle:

Quels problèmes peuvent-ils surgir dans cette relation sexuelle amicale?

David Goulois:

La relation amoureuse non partagée ou la découverte de la relation, si elle est extraconjugale, auront des conséquences…Ce n’est pas forcément judicieux de transformer un friend en sexfriend. Il faut toutefois savoir que l’idée d’un rapport sexuel au sein d’un amitié mixte finit souvent par germer dans la tête d’un des partenaires. Une relation amicale, c’est une sorte d’amour. Si le sexe s’y ajoute, elle peut naturellement se transformer en relation amoureuse. Et en cas d’arrêt des rapports sexuels, remettre en question l’amitié. Finalement, le risque est de tout perdre. C’est donc un risque qui doit être pesé. Et puis, il peut y avoir quelque chose d’excitant à coucher avec son ami(e). Psychiquement l’ami’e) c’est un frère, c’est réaliser un inceste qui n’en n’est pas un. Il y a passage à l’acte, car légalement et consciemment, on sait que son ami(e) n’est pas membre de la famille. Donc il n’ y a pas contrainte pour le conscient. Mais l’inconscient peut s’en retrouver meurtri et faire payer au conscient cet acte. C’est ce qu’on appel un retour du refoulé. D’où l’apparition, parfois, dans des relations sexfriend consommées, d’un sentiment de mal-être…

Magazine Essentielle:

Comment se lancer si on a envie de transformer un friend en sex-friend?

David Goulois:

Il vaut mieux, après avoir pesé le pour et le contre, poser un cadre. Dire ce qu’on attend de l’autre et jusqu’où on est prêt à aller. Bien entendu, ce n’est pas parce qu’on croit connaître très bien son ami(e) qu’on peut se dispenser de préservatif. Ce serait dommage de contracter une maladie sexuellement transmissible.

Publié dans le magazine Essentielle, Ile Maurice, Seychelles, Mayotte, Octobre 2014. 

David GOULOIS, Psychologue -Sexologue, Ile de la Réunion-Mayotte.